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An Giang, la nouvelle vitalité d’une province frontalière

By VNA 12/25/2017 10:00 |

Le festival de course de taureaux Bay Nui du peuple Khmer.

De vastes champs fertiles, des villes animées, des camions chargés de marchandises passant les postes frontaliers, des bateaux transportant des passagers de part et d’autre de la frontière... sont des images quotidiennes dans la province frontalière d’An Giang, au sud du Vietnam.

Nous avons visité la province d'An Giang au printemps 2017. Le long des routes menant à la frontière cambodgienne, de petits hameaux trônaient paisiblement à côté de vastes champs fertiles et piquetés de palmiers – une scène caractéristique du Nam Bô (Sud) occidental.

Châu Dôc, située à environ 25 km de la frontière cambodgienne, est la principale ville de la province d’un point de vue économique  et touristique.

De Châu Dôc, nous avons emprunté la Nationale 91C pour nous rendre dans le district frontalier d’An Phu. Le poste frontalier de Khanh Binh est relié au Cambodge à la fois par voie routière et fluviale. Sur les rives de la rivière Binh Di, du côté vietnamien, on pouvait voir le poste frontalier de Chrey Thum, du district de Koh Thum, dans la province cambodgienne de Kan Dal. Depuis longtemps, la ville de Long Binh est la destination de produits de base - produits agricoles, vêtements, cosmétiques…. - qui sont ensuite transportés au Vietnam ou au Cambodge.

De la borne No 246 située au confluent de la rivière Binh Di, dans la ville de Long Binh, nous pouvions voir des bateaux transportant des passagers vers les deux côtés de la rivière. Dans un proche avenir, le pont de Long Binh-Chrey Thom sera achevé, il servira alors de levier pour stimuler les échanges économiques entre les deux pays,  promouvoir les relations et la coopération entre les deux peuples.

Le chef-lieu de Tinh Biên, district de Tinh Biên, est considéré comme un haut lieu du commerce frontalier. Le poste international de Tinh Biên, qui fait face au poste frontalier cambodgien de Phnom Den dans la province de Tà Keo, est le point de jonction de la Nationale 91 du Vietnam et de la Nationale 2 du Cambodge. De là, les produits agricoles et autres marchandises peuvent être transportés à Phnom Penh ou, par la province de Kampot et l'autoroute 3, à Poset, Odong, Kampong Speu….

Chaque année, le chiffre d'affaires d'exportation via ce  poste frontalier a atteint plus de 100 millions de dollars. Un grand atout pour la province d'An Giang qui compte faire du district de Tinh Biên une zone économique frontalière.

La commune de Khanh An, dans le district d’An Phu, est un autre point lumineux de la province en termes de modernisation des  zones rurales. Elle dispose de vastes réseaux d'infrastructures, d'électricité, d'écoles et de cliniques médicales. Elle a été la première unité dans le district frontalier d'An Phu ayant atteint le titre de «Nouvelle zone rurale».

Huynh Tiên Luân, vice-président du Comité populaire de la commune de Khanh An : «Bien que la commune ait commencé à se développer à un niveau inférieur par rapport à d'autres localités, les villageois ont réussi, après cinq ans, à atteindre les objectifs fixés pour la construction d’«une nouvelle zone rurale» et leur vie économique et culturelle s’est remarquablement améliorée ».

Dans le hameau 3 de la commune de Vinh Xuong du district de Tân Châu, nous avons visité la maison de Lê Thi Lan. Grâce à l'élevage de chèvres et à la culture des goyaviers, elle a développé fortement l'économie de sa famille. «Je viens de vendre cinq chèvres pour 20 millions de dongs, afin de préparer le Têt », dit-elle, en nous montrant fièrement son troupeau de chèvres.

Dans le hameau 5, Nguyên Van Minh et sa famille cultivent des champignons, et chaque mois, gagnent plus de 30 millions de dongs. Voyant que son entreprise fonctionnait bien, l'Association des fermiers de la commune l'a aidée à emprunter de l'argent auprès de la banque locale pour agrandir sa ferme.

La province d'An Giang fait peau neuve. De nombreuses communes ont obtenu des titres honorifiques comme «nouvelle zone frontalière rurale» ou «zone frontalière culturelle». Chaque localité a ses propres points forts, mais toutes partagent la même volonté  de se développer ensemble.

Relations étroites entre frontaliers

Dans la province d’An Giang cohabitent de nombreux groupes ethniques, dont les Kinh, Cham, Khmer et Hoa, qui pratiquent différentes religions comme le Bouddhisme, le Bouddhisme Hoà Hao, le Caodaïsme, le Catholicisme et le Protestantisme. La province a plus de 100 km de frontière avec le Cambodge, ce qui crée une situation sécuritaire complexe avec notamment divers trafics. Les gardes-frontières de la province d'An Giang, en coordination avec d’autres forces de sécurité, sont déterminés à assurer la sécurité et à aider les habitants des deux pays à vivre et travailler sereinement.

La province d'An Giang compte 12 postes frontaliers, dont deux postes  internationaux et deux nationaux. Selon le capitaine Nguyên Duc Thang, Commissaire du Bataillon Formation-Mobile des gardes-frontières de la province, la population locale a beaucoup d’estime pour les gardes-frontières. «Ils aident beaucoup les villageois, par exemple dans la construction de routes, l’enseignement de connaissances aux enfants, les examens médicaux, la culture de légumes, le transport d'eau», a partagé le capitaine Thang.

Lorsque nous étions dans la commune de Nhon Hôi du district d'An Phu, le nouvel  an  lunaire 2017 approchait. Les gardes-frontières se sont joints à la population locale pour fabriquer des gâteaux traditionnels à base de riz gluant et préparer des représentations artistiques. D'autres continuaient à enseigner aux enfants ou à visiter des villageois malades, leur donnant des examens médicaux et des médicaments...

Dans la commune de Van Giao,   district de Tinh Biên, où vivent de nombreux Khmers et qui, autrefois, était la localité la plus pauvre de la province, nous avons vu de nombreux changements positifs. De nouvelles maisons, des routes et des écoles ont été construites, et un réseau électrique a été installé. Les villageois ont relancé leur métier traditionnel de tissage du brocart, qui est devenu leur  principale source de revenu.

Neang Samon, dans le hameau de Sray-Skoth, a confié que grâce au soutien et à l'aide des dirigeants locaux, sa famille et d'autres dans le hameau ont pu développer le tissage du brocart. Elle  gagne désormais assez d'argent pour construire une nouvelle maison, et ses enfants peuvent aller à l'école. «Notre vie est bien meilleure que dans le passé», dit-elle avec satisfaction.

Les dirigeants de la province ont non seulement aidé les populations locales à améliorer leur vie matérielle mais ont également prêté attention à leur vie culturelle et spirituelle en leur offrant des conditions favorables pour préserver leurs us et coutumes, et pratiquer leur religion. Les gens de différents groupes ethniques vivent ensemble en harmonie et ils sont libres de valoriser leur identité culturelle. Des pagodes, des temples et des églises ont été construits ou restaurés, et des fêtes et compétitions traditionnelles sont organisées chaque année, certaines sont même devenues des événements célèbres à travers tout le pays.

Lorsque nous avons visité le poste frontalier de Tinh Biên, nous avons discuté avec Chao Soc Hum, un commerçant cambodgien. Il a confié que presque chaque jour il va du côté vietnamien pour acheter des produits et les transporter au Cambodge pour la vente sur les marchés de la province de Takeo. Il a  beaucoup d'amis et de partenaires commerciaux vietnamiens. Trân Van Buol, de la commune de Khanh Binh du district d'An Phu, qui fait depuis longtemps des affaires dans cette région frontalière, a déclaré que la plupart des habitants des deux côtés de la frontière peuvent parler à la fois vietnamien et le cambodgien. Les affaires vont bon train.

Les gardes-frontières de la province d'An Giang et des provinces cambodgiennes de Kan Dal et Tà Keo se coordonnent régulièrement dans l'organisation de patrouilles communes. En cas de problèmes, ils s'informent et résolvent ensemble les problèmes par des moyens convenables, avec le souci constant de ne jamais laisser la situation s’envenimer.

Outre le réseau de postes médicaux situées dans les communes frontalières, les gardes-frontières d'An Giang ont mis en place trois cliniques supplémentaires dans les districts de Tri Tôn, An Phu et Tân Châu pour améliorer les capacités de contrôle et de traitement des maladies chez les populations locales.

Le personnel médical des gardes-frontières d’An Giang effectue des contrôles et fournit gratuitement des médicaments à des milliers de Cambodgiens des provinces de Tà Keo et Kan Dal. Des médecins chevronnés venus de Hô Chi Minh-Ville, de Châu Dôc et de Long Xuyên effectuent régulièrement des visites médicales gratuites dans les zones  frontières, dans un esprit de « compassion entre  régions frontalières du Vietnam et du Cambodge ».

Notre séjour dans la province d'An Giang est passé si vite. Nous avons quitté Tinh Biên un après-midi ensoleillé. Par les fenêtres de la voiture, nous avons vu des hameaux et des rangées de palmiers, un paysage des plus paisibles. Un nouveau printemps était arrivé dans cette région frontalière  du Sud-Ouest, rempli d’espérance./.

Texte: Nguyên Oanh

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